Au début de l’étude 3C, une prise de sang avait été proposée à tous les participants. Le taux d’acceptation a été très élevé (> 95%). L’un des objectifs de ces prélèvements sanguins était de constituer une banque d’ADN pour des études génétiques ultérieures. En 2009, un soutien de la Fondation Plan Alzheimer, une fondation créée dans le cadre du Plan Alzheimer 2008-2012 pour soutenir des recherches sur la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées, a permis le financement d’une étude « pangénomique » dans la cohorte 3C. Une étude pangénomique consiste à réaliser une sorte de carte d’identité génétique d’un individu en analysant l’ensemble de son génome. Dans l’étude 3C, pour chaque personne, plus de 500.000 régions du génome humain ont été caractérisées en utilisant des sondes qui reconnaissent les innombrables variations du génome qui font que tout individu est unique.
L’intérêt de ces données génétiques ? Il n’est pas, sauf dans le cas de maladies très rares, dites génétiques, de pouvoir prédire la survenue d’une maladie chez une personne donnée. Ces données génétiques sont utilisées dans des études (dites études d’association) comparant le génome de personnes atteintes d’une maladie particulière à celui de personnes indemnes de cette maladie. On peut ainsi mettre en évidence des différences entre le génome des malades et celui de personnes indemnes, et identifier, parmi ces variations, de nouveaux gènes impliqués dans la maladie. Le but final : mieux comprendre la pathologie et, à plus long terme, développer des médicaments pour lutter contre elle. Soulignons que ces variations du génome ne peuvent en aucun cas être interprétées à l’échelle individuelle.
Fin 2009, les deux premières grandes études pangénomiques jamais réalisées sur la maladie d’Alzheimer, l’une franco-européenne et l’autre américaine, ont été publiées dans un journal scientifique international très prestigieux, Nature Genetics. C’est l’une des équipes de 3C, celle du professeur Philippe Amouyel, qui a été l’initiatrice de l’étude franco européenne. . 3C y a contribué de façon majeure, les participants jouant le rôle de « témoins » : ils représentaient la population en bonne santé mentale qui était comparée, au niveau génétique, à des patients atteints de maladie d’Alzheimer suivis dans différents hôpitaux français. Une telle étude demande la collaboration de nombreuses équipes car elle nécessite de réunir des milliers de cas de la maladie étudiée. Deux nouveaux gènes qui différent entre les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et les témoins ont ainsi été mis en évidence. Ces deux gènes pourraient intervenir dans le métabolisme (l’élimination) d’une protéine, la protéine Ab, qui s’accumule anormalement dans le cerveau de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Actuellement, plusieurs études portant sur l’ensemble du génome dans lesquelles les témoins sont issus de la cohorte 3C sont en cours. Elles concernent des pathologies variées, sans lien avec la maladie d’Alzheimer et le déclin cognitif : maladie de Parkinson, hypertension artérielle pulmonaire, sclérodermie, thrombose veineuse.
D’autres études génétiques portant non pas sur l’ensemble du génome mais sur des gènes dits « candidats » ont aussi été réalisées dans le cadre de 3C. Ces gènes sont « candidats » car, de par leurs fonctions (ou plutôt celles des protéines dont ils déterminent la structure), ils pourraient être impliqués dans le mécanisme de certaines maladies. Les gènes candidats qui ont été étudiés ne concernent pas seulement la maladie d’Alzheimer, mais aussi les maladies vasculaires.
L’ensemble de ces études contribue à une meilleure connaissance des facteurs génétiques associés à la survenue des différentes maladies associées au vieillissement. Mais il faut insister à nouveau sur l’absence de valeur individuelle des résultats.
Lambert JC, Heath S, Even G, Campion D, Sleegers K, Hiltunen M, Combarros O, Zelenia D, Bullido MJ, Tavernier B, Letenneur L, Bettens K, Berr C, Pasquier F, Fievet N, Barberger-Gateau P, Engelborghs S, De Deyn P, Mateo I, Franck A, Helisalmi S, Porcellini E, Hanon O; the European Alzheimer's Disease Initiative Investigators, de Pancorbo MM, Lendon C, Jaillard C, Leveillard T, Alvarez V, Bosco P, Mancuso M, Panza F, Nacmias B, Bossù P, Piccardi P, Annoni G, Seripa D, Galimberti D, Hannequin D, Licastro F, Soininen H, Ritchie K, Blanché H, Dartigues JF, Tzourio C, Gut I, Van Broeckhoven C, Alpérovitch A, Lathrop M, Amouyel P. Genome-wide association study identifies variants at CLU and CR1 associated with Alzheimer’s disease. Nat Genet 2009;
NB: En souligné, les membres des équipes 3C